Les Arméniens socialistes dans la période ottomane et Paramaz par Kadir Akin

KADİR-AKIN

Les historiens qui cherchent des traces des mouvements marxistes et socialistes durant la période de l’empire  ottoman, ne trouvent pas grand-chose à raconter correspondant aux mouvements socialistes, ou encore concernant les partis socialistes avant 1908. Mete Tuncay, qui a effectué des recherches considérables sur ce sujet, dit “l’apparition du mouvement de Gauche en Turquie juste après la IIème Reforme de Monarchie Constitutionnelle (Mesrutiyet 24/07/1908) n’est pas une simple coïncidence” et il affirme ensuite que “le mouvement de 1908 doit être considéré dans le cadre des révolutions bourgeoises. C’est la raison pour laquelle le mouvement contemporain de gauche est né  en Turquie entre 1908 et 1925, tout comme le mouvement en Occident qui était né au lendemain de 1789 (la révolution française)”.  L’oubli des partis socialistes et des associations arméniennes qui avaient lutté au nom du Socialisme avant et après le Mechrutiyet, n’est vraiment pas compréhensible. Ces mêmes partis arméniens étaient représentés au sein du « Meclis-i Mebusan » (parlement ottoman) et avaient défendu la patrie pendant la guerre des Balkans. Aujourd’hui encore, malgré tant d’années passées et tant de persécutions et d’oppressions, les arméniens parlent de leur attachement à leur mouvement de cette époque.

Paramaz

Il est évident qu’ignorer, ne pas mentionner ceux qui avaient fait vivre l’idéologie du socialisme et l’avaient défendu au prix de leur vie, ou bien les intercaler entre des lignes d’annotations, signifie simplement nier une histoire vécue et la considérer “inexistante”. Malheureusement, c’est exactement ce qui s’est passé jusqu’à il y a peu de temps. En général, dans les récits de l’histoire du socialisme dans l’Empire Ottoman on parle de l’après Mechroutiyet comme le début du mouvement et le premier nom signifiant est souvent Hüseyin Hilmi.  Alors que le premier socialiste sur ces terres n’est pas Huseyin Hilmi et la 1ère organisation socialiste n’est pas le « Osmanlı Sosyalist Fırkası » non plus. La raison pour laquelle on ne trouve que ce nom est très clair, il était d’origine turque et musulman. Il y a probablement une autre raison qui peut expliquer cet oubli: ceux qui avaient fait naître la lutte socialiste avaient été déportés ou encore ils avaient subi le génocide,. Ceci n’est pas un oubli, c’est la négation par omission !

*Il est bien connu que dans l’histoire du Mouvement Socialiste en Turquie les Arméniens et les Grecs ont été parmi les pionniers fondateurs. Pourtant, les Socialistes de Turquie ne débutent pas l’histoire du mouvement à partir de ce point-là. Ni le Parti Communiste Turc (Türkiye KomünistPartisi – TKP) fondée par  Mustafa Suphi (sur l’ordre de Mustafa Kemal), ni les organisations socialistes ou les partis qui se sont formés ces dernières années n’ont pris l’initiative d’effectuer une recherche sur ce sujet et d‘effectuer un travail de confrontation avec le passé. Il n’y a aucun doute que cette situation est le résultat de l’influence du Kemalisme sur le « Mouvement Gauche ». Le Kemalisme, qui est considéré comme l’idéologie fondatrice de la République Turque, n’est autre que la prolongation de l’idéologie de l’Union et Progrès (ITC). Avec la décision de déportation, le crime de génocide était perpétré. De nombreuses personnalités de Union et Progrès, jugés par le tribunal “Divan-ı Harb-i Örfi” (tribunal militaire) instauré à Istanbul en 1918, exilées ensuite sur l’île de Malte, avaient été sauvées par  Mustafa Kemal en personne et affectées aux postes clés lors de la création de la République Turque. A partir de 1920, l’Assemblé d’Ankara poursuit une politique fidèle à celle des Unionistes envers les Arméniens. Le kaymakam (préfet) de Bogazliyan, Kemal, coupable du crime des massacres des arméniens et un des accusés du procès de Bayburt dénommé Nusret, sont déclarés “martyrs pour la patrie” par l’Assemblée d’Ankara. L’assemblée allait prendre des décisions telles qu’ ‘attribuer des rentes aux familles des condamnés des tribunaux d’Istanbul “Divan-ı Harb-i Örfi”. Le 1er Mars 1921, Lorsque Mustafa Kemal présenta son rapport annuel au Büyük Millet Meclisi (Assemblée Turque – Grande Assemblée du Peuple), il annonça que parmi les 350 députés de son assemblée il y avait 68 députés de l’ancienne assemblée d’Istanbul et 12 exilés de l’île de Malte. Ce n’est pas une coïncidence si le cadre fondateur de la République kémaliste était d’origine Union et Progrès.

Il faut donc accepter que la déportation infligée aux Arméniens et aux Grecs et la perception créée autour de cet événement pendant longtemps ont influencé les mouvements de gauche-socialistes en Turquie. Nous pouvons affirmer que l’influence du kémalisme sur les mouvements gauche-socialistes, a été à l’origine de l’oubli des “autres” socialistes vivant sur ces terres et l’ignorance de leurs combats. De ce fait, ils ont manqué aux valeurs internationalistes. C’est aussi la raison pour laquelle leurs mémoires et leurs combats ne sont pas transmis aux générations futures.

*Les réformes démocratiques en Europe allaient trouver leurs échos parmi les intellectuels arméniens et grecs et la 1ère organisation marxiste allait être créée par les Arméniens. Comme cette vérité est ignorée et oubliée délibérément par les historiens, elle est également oubliée par les organisations gauchistes. Les révolutionnaires arméniens, grecs, bulgares et juifs sont aussi complètement ignorés et on ne parle que de Huseyin Hilmi.  Pourtant un peu plus tard H.Hilmi allait subir le même sort et l’histoire du mouvement socialiste commencé par Mustafa Suphi et ses camarades. L’étude véritable de l’histoire du mouvement socialiste ne pourra être possible qu’après une confrontation avec cette histoire ignorée. C’est seulement à cette condition là qu’il sera inévitable de réétudier, d’analyser et de réévaluer l’histoire du mouvement socialiste. Le Parti communiste turc (TKP) fondé en 1920, ne reconnait pas l’existence du combat socialiste sur ces terres avant sa création, tristement tous les autres mouvements créés après TKP ont pris la même voie et ils ont considéré que TKP était leur point de départ.

Il faut préciser aussi que la totalité des partis arméniens créés vers la fin de 19ième siècle sous l’influence des transformations sociales de leur époque, se rejoignaient sur un but fondamental commun qui était de faire gagner la liberté aux  Arméniens. On peut également dire qu’à côté des préoccupations contemporaines, ces partis ayant des divergences sur leur statut, luttaient en même temps pour la libération des Arméniens occidentaux et pour la création d’une Arménie libre par l’unification des Arméniens vivant sous domination des empires ottomans et russes. Vers le 20ième siècle 4 partis politiques arméniens œuvraient sur les terres ottomanes : le Parti Arménagan créé en 1885 à VAN, le Parti Social Démocrate Hentchakian créé en 1887, le parti “veragazmial Hentchag” créé par un groupe détaché Hentchak et Tachnagtsoutyoun (La Fédération Révolutionnaire Arménienne)  créée en 1890. Parmi ces partis, on peut en distinguer deux qui avaient un programme socialiste. D’ailleurs, ces deux partis Tachnagtsoutyoun et Social Démocrate Hentachkian ont été les deux partis influants sur la scène politique.

Le parti Social-Démocrate Hentchakian
Fondé en 1887 à Genève, le parti Social-Démocrate Hentchakian (qui à sa création utilisait le nom Parti Révolutionnaire Hentchak), avec le temps s’est organisé dans le Caucase, à İstanbul et en Anatolie. C’était le 1er parti marxiste sur les terres ottomanes. Dans son comité central fondateur, il y avait également une femme. À partir du début des années 1900, il faisait la propagande en Anatolie et à Istanbul parmi les provinciaux pauvres, les ouvriers de la régie de tabac, les servantes et trouvait un écho parmi eux. Ces militants avaient participé aux préparations des multiples grèves et ils avaient assumé des responsabilités lors des organisations des manifestations du 1er Mai. Ils éditaient un journal intitulé Hentchak (la cloche) et un magazine de jeunesse Gaïdz (l’étincelle). L’organe de publication du parti à Istanbul était Nor Achkhar (nouveau monde). Dans ces publications, le socialisme était débattu, on y trouvait aussi les polémiques entre les membres cadres du parti au sujet de problèmes liés à l’organisation du parti. Plus tard, ils allaient créer leur propre imprimerie et tenter d’éditer les œuvres marxistes parues en Europe. D’après la préface écrite par Frédéric Engels dans le Manifeste Communiste édité en anglais en 1888, la traduction arménienne du Manifeste avait été présentée à un éditeur à Istanbul, mais celui-ci avait hésité à éditer ce livre qui portait le nom de ‘Marx’ et il avait demandé au traducteur de le signer lui-même. Le traducteur ne l’avait pas accepté.

La première manifestation non-musulmane depuis la Conquête d’Istanbul
En 1895 les Hentchakians avaient réussi à réunir 4000 manifestants pour déposer une requête à Babi-alî (Babi-alî = lieu où l’empire Ottoman était gouverné) où la police les avait dispersés.  C’était une première dans la capitale de l’empire et c’était un défi. Cette manifestation soutenue également par le parti Arménagan avait pour but de protester contre les massacres de Sassoun ainsi que d’attirer l’attention sur les difficultés rencontrées par le peuple arménien, dans les provinces, confronté au socialisme. Les Arméniens exigeaient des droits civiques et la  justice fiscale, ils demandaient que l’État  assure la protection de leur vie, de leurs biens et de leur honneur. Ils demandaient que les taxes payées aux Kurdes (qui étaient plutôt des rackets) soient supprimées et que les précautions soient prises pour empêcher les pillages. Une des exigences était que dans le cas où les Kurdes n’étaient pas désarmés, le peuple arménien devait également avoir le droit de port d’arme.  Lorsqu’ils s’étaient réunis pour présenter cette requête à Babi-alî (au gouvernement), l’adjoint du Préfet, le commissaire en chef Servet empêcha le mouvement et les massacres suivirent les bousculades provoquées. Cette manifestation ainsi que les rebellions de Sassoun et de Zeytoun n’étaient pas simplement d’origine ethnique mais les revendications étaient aussi économiques et sociales.  Entre le 24 octobre 1895 et 2 février 1896, les Arméniens de Zeytoun s’étaient rebellés suite aux oppressions subies. Durant des mois ils avaient combattu les soldats du régime ottoman, près de 5000 soldats ottomans et 6000 Arméniens avaient perdu la vie. Avec l’accord entré en vigueur le 12 février 1896, Abdulhamit accordait le droit d’exemption des taxes, il acceptait aussi qu’à l’exception des juges, les employés des tribunaux et tous les fonctionnaires d’Etat soient nommés parmi des autochtones de Sassoun (c’est à dire des Arméniens). La plus importante clause de cet accord était l’acceptation d’un kaymakam/sous-prefet d’origine arménienne dans le district de Sassoun. En conclusion, la vie “harmonieuse” entre Arméniens et les autres ethnies/millet n’était qu’un mensonge. L’empire Ottoman avait la particularité d’être la plus grande prison des peuples/millet juste derrière l’empire Russe. En plus de lourdes impositions infligées aux sujets non musulmans de l’empire, leur non-considération, leurs humiliations, les cruautés subies, avaient marqué cette période. Une expression de l’époque expliquait bien cet état d’esprit “l’égalité dans l’Empire Ottoman, quand il s’agit de manger mais pas quand il s’agit de labourer et de cultiver”. Le programme d’actualisation du parti SD Hentchakian lors  de son VI ième congres à Istanbul en 1909, n’avait rien inférieure par rapport aux autres partis socialistes d’Europe. Les Hentchakians étaient en contact permanent avec les partis communistes de l’époque, plus particulièrement ils étaient en contact avec les leaders révolutionnaires russes y compris avec Lénine. Avec une décision prise lors du VIième congrès, dans le but d’être en accord avec les aspirations socialistes et démocrates  de l’époque, le parti avait été renommé Parti Social-Démocrate Hentchakian (PSDH).

Pour développer l’idéologie socialiste parmi les Turcs, ils étaient en relation avec eux. Le membre de comité central du PSDH, Matteos Sarkisyan (alias Paramaz) qui avec ses 19 compagnons allait être exécutés par pendaison en 1915 sur la place de Beyazit, écrivait des articles dans leur organe de publication en mettant en avant l’importance d’être en collaboration avec les autres peuples et plus particulièrement avec les socialistes turcs de l’empire Ottoman et en expliquant aux cadres du Parti combien c’était primordial.  Dans son article paru dans “Nor Achkhar” (nouveau monde), le 20 septembre 1912, Paramaz conseillait aux jeunesses Hentchakians d’entrer en contact avec les prolétaires socialistes turcs et de collaborer plus avec eux.

Les Hentchakians ne se limitaient pas au combat ethnique. Lors de la rébellion de Sassoun ils ont exprimé les revendications sociales et économiques des agriculteurs arméniens. L’empire Ottoman était principalement un pays agricole et 85 % de la population vivaient dans les régions rurales. Par conséquent, si l’ on dit que le plus grand problème était agricole cela ne sera pas une exagération. Les Hentchakians ont joué un très grand rôle dans l’organisation de la plupart des grèves, dans l’expression des revendications sociales et législatives, dans la lutte économique, dans l’organisation et la célébration des manifestations du 1er Mai, dans l’écriture et la propagation de l’idéologie marxiste. Ils étaient internationalistes et pas nationalistes. Ils ne se sont pas contentés d’organiser uniquement les Arméniens mais ils se sont battus pour être ensemble avec les socialistes turcs et avec les communistes des autres nations. Le périmètre du programme de Parti SD Hentchakian peut être défini de la façon suivante: le but ultime était “l’organisation socialiste du peuple arménien et de son pays”, tandis que le but minimal ciblé en rapport avec ce but ultime était “ la création d’une démocratie –  multi-ethnique sur les terres d’Arménie ottomane, et pour l’obtention de la liberté politique et nationale”.

L’importance de VAN pour les Arméniens
Van avait une place centrale pour les Arméniens, c’était une région sacrée et une forte population arménienne y vivaient. Sa position frontalière avec la Russie avait accru son importance politique, même les pays européens y avaient ouvert des consulats montrant ainsi l’importance qu’ils accordaient à cette ville. Sur le plan démographique Van représentait un équilibre entre les Arméniens et les Kurdes face aux Turcs. Une autre particularité de Van était que c’était une des régions rares où les Arméniens et les Kurdes  pouvaient réunir leurs positions contre les décisions prises par le pouvoir central ottoman. Pour cette raison, Istanbul y accordait une importance particulière : monter les Kurdes contre les Arméniens afin de briser leur collaboration. Le gouvernement programmait la sédentarisation des tribus nomades kurdes dans l’arrière-pays de Van et choisissait ces tribus parmi les plus fidèles à Osmanli. Van était également un endroit où  diverses organisations et divers partis arméniens œuvraient. A côté des Hentchakians et des Tachnags, les Armenegans étaient très puissants à Van. La région était aussi différente des autres régions arméniennes sur un autre point, à savoir sa position frontalière et ils avaient des forces armées. Ils avaient la capacité de demander des comptes aux dirigeants locaux qui persécutaient les Arméniens mais aussi ils pouvaient engager des luttes armées contre les Kurdes et les Tcherkes.

L’arrestation de Paramaz à Van et son procès
Paramaz a été arrêté en 1897 avec un groupe de Fedaïs arméniens. Son discours de défense lors de son procès, est un très bon exemple pour comprendre l’histoire des Hentchakians. Sa parole était souvent coupée par les membres du tribunal mais Paramaz continuait à défendre l’idée de Fédération anatolienne, avec ses mots : « Nous exigeons l’égalité, nous ne sommes pas des nationalistes durs, nous exigeons une vie dans des conditions égalitaires avec les peuples arméniens, turcs, kurdes, alevis, laz, yezidis, suryanis et kiptis. En tant que révolutionnaire, je suis persuadé que nous allons réussir à atteindre notre but. Seulement l’attitude de l’Etat ottoman le mène vers le Panturquisme. Vous retournez vers le point de départ lorsque vous êtes arrivés sur ces terres il y a des siècles, vers le Panturquisme”.

Paramaz poursuit sa plaidoirie; “Votre honneur, tout au long de notre procès, en se basant sur vos préjugés, vous nous avez traités moi et mes camarades, de provocateurs, de voyous, de bandits, de voleurs et vous nous avez accusés de perturber l’ordre public. Je vais vous prouver que vos accusations sont sans fondement et notamment pour cette raison les verdicts qui seront prononcés ne seront ni légaux ni honnêtes. Votre honneur, pour vous montrer impartial, conformément à la position du poste que vous occupez, durant ma plaidoirie vous êtes obligé de m’écouter sans m’interrompre. Nous ne sommes pas des voyous provocateurs. Etre voyou provocateur signifie l’exploitation du peuple, la suppression des droits constitutionnels acquis par les citoyens. Entreprendre de telles attitudes est contraire à notre conscience et à notre devoir.  L’habitude de mener des actions contre les citoyens, dans le seul but de maintenir sa propre existence et ses privilèges signifie ériger des obstacles devant les fractions progressistes des peuples, nous, les enfants nés Socialistes au sein de ce peuple, nous qui ne faisons que réclamer les droits légitimes de notre époque, nous ne sommes que des révolutionnaires. Oui nous sommes des révolutionnaires, nous sommes des révolutionnaires exemplaires reconnus par le monde progressiste, et notre apparition sur la scène de l’histoire est bien connue par l’État ottoman.”

Les efforts du tribunal pour faire taire Paramaz et pour ajourner le procès ne sera pas possible à cause de la présence du consul russe et la délégation envoyée par les Etats européens. A la fin de son long discours, Paramaz liste ses revendications: « liberté de conscience, liberté de presse, liberté de réunion et d’expression, protection de la vie, du bien et de l’honneur (irz =relative aux viols et enlèvements de femmes arméniennes), suppression des taxes intermédiaires. L’exemple donné pour ces taxes est très intéressant: “un Turc d’Ardamet m’avait raconté la chose suivante: “Ils ont fixé 20 centimes de taxe pour les poires de chaque arbre. Je leur ai proposé de leur donner/vendre l’arbre lui-même à 10 centimes. J’ai été battu pour cela. Et j’ai fini par payer la taxe après avoir été battu.”La taxe la plus bizarre est celle sur le raisin : il existe 6 sortes de taxes sur un simple raisin: d’abord la taxe pour la terre, le taxe pour l’eau, ensuite pour le fruit du raisin, la taxe de jus de raisin, il existe aussi la taxe sur le raisin sec, et une autre taxe pour le raki (boisson alcoolisée à base de raisin), encore une autre taxe sur la vente de raki et du vin, et une autre pour avoir employé des ouvriers dans les vignes. Voyez-vous votre honneur? Une multitude de taxes pour un simple fruit.”Dans ce procès de Van, le procureur demandait son exécution mais il va être réclamé par la Russie à cause d’un autre procès. En 1890, lorsqu’il est libéré, il va organiser l’attentat contre l’ennemi juré des Arméniens, le représentant du tsar dans le Caucase, Kolitsin en 1903. Il spoliait les biens des Arméniens. Il nationalisait les écoles rattachées à l’église arménienne, il voulait ainsi que les écoles et la culture arménienne soient contrôlées par l’Etat russe. Paramaz organise d’abord une série de protestations pour empêcher ces interventions. Finalement, Kolitsin est assassiné par une bombe placée sous sa voiture. Cet attentat a atténué un peu les oppressions exercées sur les Arméniens du Caucase. Cet événement a démontré aussi que  les Hentchakians pouvaient utiliser les attentats comme un moyen de lutte.

*Tous les partis arméniens étaient contre les politiques répressives et discriminatoires d’Abdulhamit. Dans leur lutte contre Abdülhamit, il était bien évidemment impossible que leurs chemins ne se croisent avec Union et Progrès. Avant que le groupe de Salonique ne soit formé et qu’ils n’occupent une position dominante au sein de l’UP, les Jeunes Turcs à Paris étaient en contact avec les Hentchakians et Tachnags qui avaient une organisation solide en Europe. Il y a des informations montrant que ces contacts sont établis entre 1891-92. Ahmet Rıza qui se trouvait à la tête du centre parisien avait réalisé une série de rencontres avec les dirigeants du Parti Révolutionnaire Hentchakian, malgré les divergences fondamentales d’idéologies, les contacts n’étaient pas rompus. La manifestation organisée par les Hentchakians à Babıali en 1895 et l’assaut de la banque Ottomane par les Tachnags, avaient fait leur effet sur les Unionistes qui préféraient une lutte plus modérée contre Abdülhamit. Cependant l’exigence concernant la mise en vigueur de l’article 61 du Traité de Berlin concernant les Arméniens occidentaux (ottomans) éveillait leurs inquiétudes car ils accordaient plus d’importance aux luttes communes pour réaliser les réformes au lieu de les laisser se détacher de l’empire.

Pour les partis révolutionnaires arméniens il était très naturel de combattre pour libérer le peuple arménien du joug des empires. Leur statut de nation leur donnait ce droit. Ils souffraient à mort sous le despotisme ottoman, la plus grande prison des nations, au deuxième rang juste derrière la Russie du tsar. Le droit d’autodétermination des peuples ne peut en aucun cas être contradictoire avec le mouvement révolutionnaire, au contraire de nos jours c’est le critère majeur pour être une démocratie, en  conséquence cette lutte des partis arméniens ne peut pas être qualifiée de  “nationaliste”. Cela ne peut être qu’un prétexte inventé pour ignorer leurs contributions aux mouvements socialistes sur ces terres. Les socialistes Hentchakians tentaient de converger sur le même axe d’exigences démocratiques, les intérêts de leur propre nation et tous les oppressés, avec la lutte des prolétaires de la nation oppressante.

Les paroles de Rosa Luxembourg au sujet du problème de la lutte nationale est très frappant: “la lourdeur du gouvernement turc n’a même pas été capable de produire le capitalisme, comment voulez-vous qu’ils puissent développer le socialisme; c’est pour cette raison, plus tôt sont détruites et démantelées ses composantes nationales fondatrices, mieux ce sera.  A ce moment-là cette région arriérée pourra enfin entrer dans la dialectique naturelle du cours de l’histoire.”  Luxembourg prononçait ces paroles lorsqu’elle avait validé le principe “du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, de leur destin” durant la conférence Internationale Socialiste réunie à Londres en 1896. En fin de compte, le Tachnagtsoutyoun aussi appartenait aux hommes de ces terres ayant pour but le socialisme et luttant pour la propagation de cette idéologie. Tout comme les Hentchakians, tout comme les révolutionnaires grecs éditant le magazine Ergatis à Galata, ou encore comme les révolutionnaires bulgares et juifs…

Hilmi de Istirak (contributionniste)
Il sera utile d’étudier le cas de Huseyin Hilmi (alias Hilmi de Istirak) car il était le contemporain des socialistes Arméniens, Grecs, Bulgares et Juifs de l’empire Ottoman. Hilmi de Istirak est originaire d’Izmir. Il s’installe à Istanbul et avec Baha Tevfik ils fondent “la Fraction Socialiste Ottomane”.  Le 26 février 1910 H.Hilmi commence à éditer un hebdomadaire intitulé “İştirak” : Contribution.  Ce magazine a été fermé par le tribunal Divan-ı Harb-i Örfi (tribunaux militaires) après son 17ième numéro à cause d’un article sur Ahmet Samim. Même si son édition sera autorisée plus tard, suite au numéro 18, 19  de l’Istirak il a été interdit à nouveau. Le numéro 18 annonçait la création de “Osmanlı Sosyalist Fırkası” et le 19 éditait la déclaration et le programme de la fraction. D’après Mete Tunçay “Osmanlı SosyalistFırkası” paraissait plutôt comme une organisation libérale et non socialiste. Le programme de la fraction contenait des exigences sur les réglementations des libertés politiques, l’amélioration des conditions de travail et  les moyens d’organisation des ouvriers.

 

La lettre à Marx
25 ans après le décès de Marx, Hilmi en considérant que Marx était toujours vivant, avait écrit une lettre pour la lui adresser et avait demandé son adresse aux Hentchakians et aux proches d’Ergatis. Plus tard, il allait éditer dans son magazine Istirak “la lettre ouverte à Marx”. Tout ceci avait fait de l’ombre au sérieux de sa relation avec les socialistes arméniens. Malgré cela, ils avaient collaboré plusieurs fois pour mener des actions et ils avaient contribué ensemble au succès des multiples grèves. Dans l’organe de publication Nor Aşkhar (nouveau monde) une polémique/débat était lancée pour dire que les jeunes Hentchakians devaient être en collaboration étroite avec le mouvement prolétaire-socialiste turc. Un des éditeurs du journal, Vanig (qui allait être pendu avec Paramaz en 1915 à Beyazit), participe à ce débat avec un article disant que des expériences de ce type étaient déjà vécues et que les socialistes turcs n’étaient pas sérieux. Il donne un exemple. Dans celui-ci, il rappelle la lettre à Marx 25 ans après son décès, qui était éditée dans “Istirak” le journal du Parti Socialiste Ottoman, membre de l’Internationale Socialiste. İl y avait un autre exemple semblable dans les archives des Sciences Sociales et d’Histoire à Athènes: c’est la lettre écrite le 31 juillet 1926 à Istanbul par le socialiste grec, S.Papadolulosau, directeur du journal Ergatis, N.Yannios, dans sa lettre il se moquait de l’ignorance de Hilmi. D’après l’anecdote, le jour de la commémoration du 1 Mai 1909 à Kagithane (istanbul, quartier au bord de la Corne d’or), Hilmi propose avec enthousiasme d’envoyer un télégramme de félicitation à Marx dont il avait souvent entendu le nom. Quand on lui dit qu’il était mort depuis longtemps, Hilmi fut très touché. Pendant que les côtes ouest de la Turquie étaient nettoyées des Grecs et que le génocide des arméniens arrivait à son apogée, Hilmi n’était pas à Istanbul, il était en exil sous surveillance. S’il n’avait pas été envoyé en exil et s’il avait été à Istanbul quelle aurait été son attitude? L’idée d’autonomie confédérative adoptée par les socialistes turcs (OSF) reste silencieuse quand on parle de l’autodétermination. A ce sujet, il n’existe ni un article sérieux paru dans leur édition ni un écrit dans leur programme. On trouve une seule expression dans leur programme “tevsi-mezuniyet” qu’on peut traduire comme élargissement des pouvoirs (de l’autorité), deux mots seulement. Dans le corpus de leur magazine édité durant 38 années, on ne trouve même pas un seul article. En conséquence, on peut dire qu’ils restent indifférents aux revendications nationales et identitaires. C’est un indicateur très significatif, ils acceptent la totalité de l’idéologie presqu’avec tous ces éléments, sauf les revendications nationales, même dans le cadre d’une fédération. Ils ont une vision superficielle telle que “La fraternité des peuples composants”. Pour eux le composant principal reste l’identité musulmane.

Par ce génocide un Capital intellectuel est anéanti!
3 Semaines après les arrestations du 24 avril 1915, qui est considéré comme le début des déportations de plus de 1 million d’Arméniens vivant sur ces terres,  le procès accéléré et l’exécution de Paramaz (Matteos Sarkisyan) membre du Parti Social-Démocrate Hentchakian et de ses camarades peut être considéré comme une fusée de détresse. Le peuple arménien n’avait même pas eu le temps de porter le deuil qu’il s’est immergé dans des souffrances aux dimensions beaucoup plus grandes. Au lendemain des guerres des Balkans, l’empire ottoman avait perdu des terres car en utilisant leur droit à l’autodétermination, les peuples s’étaient libérés du joug Ottoman. Ittihat Terakki avait trouvé là l’occasion qu’il cherchait pour mettre en pratique ses politiques “d’assimilation et de turquisation” qui étaient de toute façon dans son ordre du jour depuis un certain temps. Les Bulgares considérés jusqu’àlors comme des sujets ottomans avaient conquis/occupés Edirné et étaient arrivés jusqu’à Çatalca, ceci fut un traumatisme insupportable pour les unionistes d’origine macédonienne. La défaite à Sarıkamış le 10 janvier 1915, la perte d’hégémonie dans le “Moyen Orient”, le risque de perdre la guerre à Canakkale et le danger de la chute d’Istanbul ont été des excuses/prétextes pour la mise en œuvre de leur politique de “turquisation de l’Anatolie” en toute vitesse. En premier, les Arméniens mais aussi les Grecs, et les Assyro-chaldéens, ont été arrachés de leurs terres où ils vivaient depuis des millénaires. On les a envoyés dans les zones désertiques. Par ce voyage à la mort, ils ont été l’objet d’une véritable ingénierie ethnique.

Lors de son congrès de 1911, l’Union et Progrès avait pris la décision d’un nettoyage ethnique afin de créer une Anatolie turque et musulmane. Au moment où ils décidaient la mise en œuvre de ce projet, les rues d’Istanbul étaient remplies de dizaines de milliers d’immigrés musulmans venus des Balkans. Ils avaient subi la violence des Bulgares et des bandes désorganisées. Échappés de ces violences, ils étaient dans un état pitoyable. Ils avaient abandonné leurs terres ancestrales, leurs biens, leurs familles et ils cherchaient refuge dans les territoires ottomans rétrécis, ils étaient remplis de haine et voulaient se venger. Concernant le génocide des arméniens, ce point est crucial. Car ces pauvres gens rescapés des massacres allaient prendre part activement dans l’élimination des éléments “non turcs” anatoliens. Il est évident que la déportation mise en œuvre dans le but de la turquisation de l’Anatolie a provoqué le génocide de près de cinq cent mille grecs et d’un million d’Arméniens, mais au-delà, elle signifiait aussi la destruction de l’héritage intellectuel et culturel accumulé sur ces terres. L’idéologie de Socialisme qui germait sur ces terres avait été détruite avant qu’elle puisse bourgeonner et se développer. La conséquence est que non seulement la perception du socialisme allait être bientôt mutilée par le “nationalisme”, mais surtout elle allait perdre sa mémoire et rester inexpérimentée.

Le procès de Paramaz et ses camarades
Suite à une dénonciation, au 7ème  Congrès du PSDH, le 17 septembre 1913 à Constance en Roumanie, l’assassinat du dirigeant de l’Union et Progrès, Talaat Pacha, fut décidé. Les dirigeants du PSDH, les membres du comité central et leurs membres d’Istanbul sont interpelés et arrêtés  précipitamment. Paramaz est aussi parmi les personnes arrêtées. Ils seront retenus sans procès et sans savoir quand ils seront jugés. Durant des mois ils seront torturés et interrogés, enchaînés dans les caves de la prison centrale d’Istanbul. Il est vrai que lors du congrès ils avaient discuté au sujet des préparations des massacres des Arméniens organisés par Union et Progrès. En fin de compte, ils avaient conclu que le comité central devait prendre la décision finale concernant les actions à mener. Le Congrès avait pris la décision de commencer la lutte armée et si nécessaire de passer à l’illégalité. Le sujet allait provoquer des fractions au sein du comité. Le délégué d’Egypte, Arsavir Sahakyan était l’agent de la Police Ottomane et il les avait informés. Avec l’opération débutée fin juillet 1914, les membres du PSDH sont arrêtés et jugés par les tribunaux de sûreté (militaires) Divan-ı Harb-i Örfi à Istanbul. La plaidoirie de Paramaz est aussi claire et nette que celle du procès de VAN, 17 ans auparavant: “pour nous, il n’y a pas de patrie. Nous sommes sociaux-démocrates. Nous ne travaillons pas seulement pour le salut des Arméniens, nous travaillons pour le salut de l’humanité entière. Notre patrie est la terre entière. Qu’est-ce qu’on pouvait faire encore pour le bien-être de ce pays ? Nous avons accepté tant de sacrifices pour assurer la fraternité entre Arméniens et Turcs. Nous avons épuisé tant d’énergie et nous avons perdu tant de sang. Nous avons enduré toutes ces souffrances parce que nous avons cru que nous pouvions nous élever mutuellement en instaurant la confiance entre nous.  Qu’est-ce qu’on trouve en contrepartie ? Vous n’avez pas seulement ignoré nos efforts extraordinaires, vous avez essayé délibérément de nous anéantir.  Vous avez oublié quelque chose, la destruction des Arméniens signifie la destruction de la Turquie entière”. Les paroles suivantes de Paramaz durant le procès sont comme des réponses à certains gauchistes qui trouvent que les partis socialistes arméniens sont « nationalistes »: “En œuvrant à Diyarbakır, j’ai propagé mes idéologies (socialistes) parmi les Arméniens, les Kurdes, les Turcs, les Assyro-chaldéens et les Arabes, avec le même enthousiasme…Messieurs vous devez juger les individus avec leurs œuvres, leurs traditions, dans l’intégralité de leurs pensées. Moi je ne souhaite pas me séparer de ce pays. Juste le contraire: en refusant la confrontation avec les idéologies qui m’inspirent c’est ce pays qui se sépare de moi”.
Les dernières paroles sur la potence; “Vive le Socialisme”
Malgré l’absence de preuve sérieuse les 20 jeunes ont été condamnés à mort. De toute façon au moment où leur procès se terminait, les déportations avaient déjà commencé, les hordes humaines étaient déjà sur les routes sans aucun fondement juridique (on ne pouvait plus parler de droit/justice), les massacres de ces Arméniens, par la main des bandes de Tskilat-i Masusa (forces spéciales créées pour décimer les groupes arméniens sur les routes) avaient déjà commencé. Le 15 Juin 1915 à Beyazıt le premier à monter sur la potence installée sur la place de Beyazit fut Paramaz, il a crié : “Camarades nous allons partir nos têtes hautes, nous n’allons pas nous soumettre”. Les socialistes de Turquie n’ont pas été au courant des slogans prononcés par les 20 jeunes sur la potence d’exécution “Vous, vous ne pouvez détruire que nos corps, mais jamais nos idéaux, nos convictions…Demain les Arméniens vont saluer l’Arménie socialiste et libre dans l’est du pays, vive le socialisme ».

 

Rappelons-nous de l’histoire avec exactitude
Des années plus tard, les révolutionnaires-socialistes exécutés sur des potences ont fait revivre la tradition des Paramaz, sans avoir connaissance des slogans résonnant sur la place de Beyazit la nuit de 15 Juin 1915. Deniz (gezmis), Yusuf (aslan), Huseyin (inan), exécuté par pendaison en 1972 et plus tard Necdetadali (19 ans), Erdaleren 17 ans, née à Sabinkarahisar, pendus en 1980 et les autres sans savoir qu’ils avaient suivi les traces de Paramaz et de ses camarades.

İl faut reconnaitre que se souvenir, même si tard, de Paramaz et de ses compagnons avec la force et les émotions qui s’y relient, résister face à l’oubli, fait partie des conditions nécessaires pour être un socialiste international, mais aussi c’est la démonstration d’une conscience démocratique. Non seulement les socialistes au sein des partis  Hentchakian et Tachnag, mais aussi, ne pas oublier les révolutionnaires grecs, les députés qui luttaient pour les droits des ouvriers au sein du parlement de l’époque: Hampartzum Boyacıyan, Krikor Zohrap et Dimitor Vlahof. Il faut surpasser toute sorte d’inquiétude pour pouvoir confronter ces événements avec les réalités de notre propre histoire. İl faut qu’on arrête de les traiter comme “les socialistes des autres”, “les héros des autres”, “les révolutionnaires des autres”. İl faut les reconnaître comme une partie intégrante de notre histoire commune de lutte, avec leurs qualités et leurs défauts. Ils sont nos héros, nos révolutionnaires. Pendant que la communauté arménienne les oubliait car ils étaient « socialistes », les socialistes de la Turquie les ont ignorés car ils étaient Arméniens. Si nous réussissons la transmission aux jeunes générations, le souvenir de Paramaz, des révolutionnaires arméniens et grecs, des combattants Socialistes de la cause socialiste, à ce moment-là nous pouvons croire qu’on va leur laisser un avenir où ils pourront vivre sur ces terres en paix dans les principes de fraternité et d’égalité des peuples. Dans le cas contraire, le poids honteux que nos ancêtres ont chargé sur nos épaules va être transmis aux générations futures en étant encore plus alourdi par notre silence, à tel point qu’ils ne pourront plus la porter.

*La solution du problème
Le Règlement du problème arménien est la question de satisfaction des orphelins dont nous avons assassiné les parents, les ancêtres. La République turque n’est pas en position de mener des négociations sur ce sujet. En priorité il faut reconnaître les génocides perpétrés par l’Empire Ottoman sans aucune hésitation, sans aucune excuse ou prétexte caché derrière les “oui mais…”. Cette reconnaissance ne signifie pas que la République turque sera libérée ou sera dédouanée de ses responsabilités. Non seulement rien n’est fait pour réparer les désastres engendrés par les Ottomans dont nous sommes les héritiers, mais les faits sont justifiés par les politiques nationalistes et chauvines. Ces politiques de « nettoyage éthique » ont leur continuité sous d’autres formes, les personnes appelées “non-musulmanes” sont anéanties/épuisées. Tout ceci est un poids qui pèse de plus en plus lourd sur nos épaules.

Pour cette raison :
a- A cause de l’héritage transmis  par les Ottomans et les politiques menées par l’État turque, Il faut demander pardon à tous les peuples victimes de génocide y compris aux Arméniens.

b- Tous ceux qui ont vécu sur ces terres et qui ont été anéantis suite aux déportations et aux massacres doivent être considérés comme des citoyens de la République turque et ce droit de citoyenneté doit être accordé également à leurs descendants.

c- Suite à cet accord, les biens spoliés de ces citoyens et leurs droits doivent leur être restitués.

d- Ce qui est certain est que la question du génocide n’est pas à débattre. Dans le but de mettre les vérités sur la table d’une façon à donner également satisfaction aux peuples turc et kurde, une commission pédagogique de recherches des vérités peut être créée, cette commission doit être composée des véritables démocrates objectifs. Cette commission doit pouvoir travailler le temps qu’il faut afin de mettre les vérités en évidence devant l’opinion publique et grâce à ce travail et ces nouveaux récits de l’histoire, une nouvelle conscience de l’histoire doit être créée. Ce qui est proposé ici c’est une forme de pédagogie pour contrer le lavage de cerveaux subi par les peuples kurde et turc depuis plus de 100 ans.

e- Pour que tous les mauvais sentiments entre les peuples turque et arménien soient éliminés et les traces des animosités et des contestations soient effacées, pour que ce genre de sentiments ne resurgissent à nouveau, les frontières doivent être ré-ouvertes.

f- La Turquie doit faire une discrimination positive en faveur de l’Arménie.

Pour réaliser les idéaux de Paramaz et pour rester fidèle à sa mémoire…

 

Vidéo :

 

Lien :

http://bianet.org/bianet/yasam/175839-katledilislerinin-101-yilinda-paramaz-ve-yoldaslari

 

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